Si l’Algérie devait prendre option pour le gaz de schiste, la résistance ne viendra certainement pas du ministère de l’Environnement, garant de l’application de la politique environnementale en Algérie. Son premier responsable affirme, en effet, que «le gaz et le pétrole de schiste, comparés à leur valeur énergétique et stratégique pour le pays, ne constituent pas une menace pour l’environnement si les mesures nécessaires sont prises». Amara Benyounès dit ne pas comprendre les craintes des uns et des autres par rapport à l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. «Il a suffi qu’une personne étrangère s’exprime sur la question pour que quelques intellectuels algériens prennent le relais présentant l’exploitation du gaz de schiste comme le pire des projets que pourrait entreprendre l’Algérie. C'est démontré que l'atteinte à l'environnement est vraiment nulle», affirmait-il à l’occasion de la Journée de l’environnement en juin dernier.

Des déclarations qui tranchent avec les inquiétudes formulées par les spécialistes aussi bien en Algérie qu’ailleurs. Propulsée à la troisième place mondiale par ses réserves de gaz de schiste, l’Algérie disposerait techniquement de réserves estimées à 19 800 milliards de mètres cubes, selon le département américain de l’énergie qui vient ainsi de les réviser à la hausse par rapport à ses estimations de 2011 qui étaient de 6 440 milliards de mètres cubes. Si l’Algérie n’a pas encore pris option de manière tranchée pour l’exploitation du gaz de schiste, la réflexion est sérieusement engagée.

Le ministre de l’Energie affirme que l’Algérie exploitera toutes les formes d’énergies y compris le gaz de schiste pour répondre à la demande sans cesse croissante en matière d’énergie. Une perspective qui a suscité interrogations et inquiétudes de spécialistes notamment en ce qui concerne l’exploitation excessive des nappes phréatiques, la pollution due à l’usage excessif de produits chimiques avec toutes les retombées imaginables sur la faune et la flore.

Des spécialistes ont, à l’annonce de cette décision, attiré l’attention des pouvoirs publics quant aux dangers liés à l’exploitation du gaz de schiste. Sur les réseaux sociaux, des centaines de groupes ont vu le jour avec la prétention de peser sur la décision gouvernementale.

Leurs membres font appel aux expériences des pays ayant déjà expérimenté l’exploitation du gaz de schiste en apportant la preuve des désastres sur l’environnement qu’engendre l’exploitation du gaz de schiste. Des mises en garde auxquelles l’exécutif reste imperméable pour le moment.