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#1 2014-07-19 06:15:21

Popeye
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HAROUT et MAROUT

TAFSIR SOURATE 2 (AL BAQARAH) - VERSET 102 SUR HÂRÛT ET MÂRÛT (AL QÂDÎ 'IYÂD, AL QURTUBÎ ET AT TABARÎ)
Nous trouvons régulièrement dans les traductions du Qur°ân en version française :

« Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Sulaymân. Alors que Sulaymân n'a jamais été mécréant mais bien les diables : ils enseignent aux gens la magie ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Hârut et Mârut, à Babylone ; mais ceux-ci n'enseignaient rien à personne, qu'ils n'aient dit d'abord : « Nous ne sommes rien qu'une tentation : ne soit pas mécréant » ; ils apprennent auprès d'eux ce qui sème la désunion entre l'homme et son épouse. Or ils ne sont capables de nuire à personne qu'avec la permission d'Allâh. Et les gens apprennent ce qui leur nuit et ne leur est pas profitable. Et ils savent, très certainement, que celui qui acquiert [ce pouvoir] n'aura aucune part dans l'au-delà. Certes, quelle détestable marchandise pour laquelle ils ont vendu leurs âmes! Si seulement ils savaient ! »

[Sourate 2 - Verset 102]

Une telle traduction est cependant totalement erronée au vue de la réalité du sens de ce verset et de la croyance des Ahl Us Sunnah concernant les Anges, ce que nous allons démontrer au sein de cet article si Allâh le veut. Cette mauvaise traduction est dut au fait qu'il existe une divergence à propos de l'interprétation de ce verset entre les exégètes et que bon nombre d'entre eux se sont contentés de rapporter des récits non-authentiques provenant des gens du livre afin de le commenter, notamment des juifs, qui sont réputés pour leurs calomnies en tout genre à propos des Prophètes et des Anges (que La Paix d'Allâh soit sur eux tous). D'ailleurs, Al Imâm Ismâ'îl Ibn Kathîr (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit dans son Bidâyah wa An Nihâyah : « De nombreux récits furent rapportés à leur sujet (Hârut et Mârut), dont la plupart son d'origine israélite. »

Et c'est ainsi que le Qâdî 'Iyâd Ibn Mûsâ Al Mâlikî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit dans son Kitâb Ush Shifâ° :

« La plupart des récits rapportés sur cet épisode proviennent des livres des juifs et de leur intervention, comme Allâh le mentionne dans le premier verset de ce récit dans lequel ils calomnient Sulaymân et l'accusent de mécréance. Voilà pourquoi nous allons rapporter à ce sujet ce qui éclaire ces questions et les dévoile, si Allâh le veut.

Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a eu divergence sur la nature de Hârut et de Mârut ; Sont-ils deux Anges ou deux êtres humains ? [Si ils sont des Anges], sont-ils les deux Anges visés [dans ce verset] ? Doit-on lire « malakayn – deux Anges » ou bien « malikayn – deux rois » ? Est-ce que le « mâ » dans les deux Paroles Divines du verset 102 de la Sourate Al Baqarah : « ce qui (mâ) est descendu aux deux anges Hârut et Mârut, à Babylone », « Cependant, ceux-ci n'enseignaient rien à personne (wa mâ yu'allimâni min ahadin... » est une particule affirmative ou bien de négation ?

La plupart des exégètes considèrent qu'Allâh (qu'Il soit exalté) a éprouvé les hommes par deux Anges qui auraient enseigné la sorcellerie et l'expliquaient, car la sorcellerie est de la mécréance. Ainsi, celui qui apprenait la sorcellerie mécroyait et celui qui l'abandonnait croyait, car ces deux Anges disent dans le Qur°ân : « Nous ne sommes qu'une tentation, ne soit donc pas mécréant » [Sourate 2 – Verset 102].

Donc leur enseignement aux hommes relèveraient d'une instruction pour les avertir, c'est-à-dire qu'ils disaient à celui qui vient pour acquérir cette sorcellerie : « Ne la pratique pas, car elle sépare le mari de sa femme et ne recours pas à la magie comme une machination, car ceci est de la sorcellerie, évite donc la mécréance ! » De cette manière, l'œuvre des deux Anges relèverait de l'obéissance et leur attitude dans ce qui constitue un ordre pour eux n'est pas une désobéissance. Ce serait ainsi uniquement une tentation pour les gens.

Ibn Wahb rapporte également sur cela qu'on a évoqué en la présence de Khâlid Ibn Abî 'Imrân le cas de Hârut et Mârut en disant qu'ils enseignaient la sorcellerie, il dit alors : « Nous les innocentons (les Anges en général) d'une telle pratique. » Et quelqu'un parmi ceux qui étaient présent lu alors le verset de cette manière : « wa unzila 'alal malakayn – et ce qui a été révélé aux deux Anges » en omettant la particule « mâ », mais Khâlid corrigea en disant : « wa mâ unzila - il ne leur a pas été révélé ».

Donc, voici Khâlid qui, avec sa notoriété et sa science, innocente deux Anges de pouvoir enseigner la sorcellerie bien que d'autres estiment que ceci leur est permis à la seule condition d'expliquer aux gens que c'est une mécréance et une épreuve de la part d'Allâh. Mais alors, comment, dans de telles conditions, ne les innocent-t-ils pas des péchés majeurs et de la mécréance évoqués dans ces histoires ?!

L'expression de Khâlid : « Il ne leur a pas été révélé – wa mâ unzila » signifie que le « mâ » est ici une particule de négation. Et ceci constitue d'ailleurs la position de Ibn 'Abbâs.

Et de son côté, Al Makkî dit que tout ceci revient à dire : « Sulaymân n'a pas mécru, c'est-à-dire qu'il n'a pas mécru en pratiquant la sorcellerie inventée par les démons, qui furent suivis en cela par les juifs, et que cela n'a jamais été révélé à deux Anges (wa mâ unzila 'alal malakayn). »

Pour Al Makkî, ce sont Jibrîl et Mikâ°îl que les juifs accusent d'avoir apporté la sorcellerie, de la même manière qu'ils accusèrent Sulaymân de cela. Mais Allâh les a alors démentis à ce sujet. On a dit aussi que Hârut et Mârut sont deux hommes qui apprirent la sorcellerie et que ce sont donc les démons qui ont mécru en enseignant la magie aux hommes que sont Hârut et Mârut de [la ville] de Babylone.

De son côté, Al Hasan [Al Basrî] a dit que Hârut et Mârut étaient deux non-Arabes parmi les habitants de Bâbil. Il a ainsi lu : « wa mâ unzila 'alal malikayn – et ce qui a été révélé aux deux rois » au lieu de malakayn (les deux Anges). Selon cette lecture, le « mâ » est une particule affirmative.

C'est également la lecture retenue par 'Abd Ur Rahmân Ibn Abza sauf qu'il a identifié les deux rois comme étant ici Dâwud et Sulaymân. Selon ce dernier avis, le « mâ » est alors ici une particule de négation. Et As Samarqandî rapporte qu'il s'agirait plutôt de deux rois parmi les Banî Isrâ°îl qu'Allâh avait rabaissés (et donc que le « mâ » est une particule affirmative). Cependant, la lecture qui retient le terme « al malikayn » est plutôt rare.

Pour conclure, l'interprétation du verset selon ce qui a été retenu par Abû Muhammad Al Makkî reste la bonne car elle innocente les Anges, les débarrasse de toute souillure et les purifie. D'autant plus qu'Allâh les a qualifiés par les termes : « mutahharûn - purs », « kirâm - nobles », « barakât - bénis », « qui ne désobéissent point à l'ordre d'Allâh. ». »

Et nous refusons également catégoriquement l'interprétation faisant de ces deux êtres des Anges. Comme l'a si bien dit l'Imâm Abû 'Abdi Llâh Muhammad Al Qurtubî Al Ansârî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) dans son Tafsîr intitulé Jâmi' lî Ahkâm Il Qur°ân : « Tout ce qui a été rapporté à ce sujet est faible et très loin de Ibn 'Umar et des autres. Rien de tout cela n'est authentique. C'est assurément une parole que les fondements [de la croyance] envers les Anges, qui sont les sincères dépositaires d'Allâh (umanâ°u Llâh) de Sa révélation et Ses ambassadeurs (sufarâ°) envers les Messagers, réfutent. « Ils ne désobéissent point à ce qu'Allâh leur commande et font strictement ce qu'Il leur ordonne. » [Sourate 66 – Âyah 6] ; « Ils sont des serviteurs honorés qui ne prennent pas la parole avant Lui et n'agissent que sur Ses ordres. » [Sourate 21 – Versets 26 et 27] ; « Ils L'exaltent nuit et jour, sans relâche. » [Sourate 20 – Verset 21]... »

Et Al Imâm Abû 'Abdi Llâh Muhammad Al Qurtubî Al Ansârî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit aussi dans le 15ème point du commentaire de ce verset   :

« Ici, le « mâ » est négatif et non un pronom relatif. Cela (le verset) est dut au fait que les juifs avaient dit : « Certes, Allâh a révélé la sorcellerie à Jibrîl et Mikâ°îl », Allâh a alors nié cela. Dans cette parole, on a avancé ce qui aurait dut être [généralement] en retrait. Donc la phrase a le sens suivant : « Sulaymân n'a pas mécru et cette chose (la sorcellerie) n'a pas été révélée aux deux Anges. Ce sont plutôt les shayâtîn qui ont mécru. Ils enseignaient aux hommes la magie dans la ville de Bâbil, [et parmi eux se trouvaient] Hârut et Mârut. » Hârut et Mârut sont les shayâtîn qui sont nommés dans Sa Parole : « Ce sont plutôt les shayâtîn qui ont mécru ».

Ceci est la meilleure interprétation de ce verset que l'on peut trouver et elle est la plus authentique par rapport à tout ce qui a été dit à ce sujet. Et aucune autre interprétation ne doit faire l'objet d'une quelconque attention.

La sorcellerie vient des shayâtîn à cause de la finesse de leur substance et de la subtilité de leur compréhension [dans ce domaine]. Et la plupart de ceux qui la pratique parmi les humains sont d'ailleurs les femmes, et particulièrement lorsque elles ont leurs règles ; d'ailleurs, Allâh (qu'Il soit exalté) a dit : « Et contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds » [Sourate 113 – Verset 4].

Et le poète a dit : « Je recherche la protection auprès de mon Seigneur contre celles qui soufflent... ».

Quant à l'histoire de ce verset, la voici :

Al Imâm Rabî' Ibn Anas (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit : « Il y eut une période pendant laquelle, chaque fois que les juifs interrogeaient le Prophète sur un point de la Thora, Allâh faisait descendre un verset qui lui permettait de leur répliquer. Voyant cela, ils en arrivèrent à dire : « Celui-là est plus savant que nous-mêmes sur ce qui nous a été transmis ! ». Ils décidèrent alors de l'interroger sur la sorcellerie et de débattre avec lui sur ce sujet. Alors, Allâh révéla le verset : «  […] et ils suivent les textes dictés par les démons à propos du règne de Sulaymân […] ». »  [Tafsîr At Tabarî].

Et l'Imâm 'Abd Ul Mâlik Ibn Jurayj (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit : « Les shayâtîn enseignèrent la sorcellerie aux juifs au temps du règne de Sulaymân et c'est après ce règne qu'ils s'adonnèrent (massivement) à cette sorcellerie. »  [Tafsîr At Tabarî].

Et l'Imâm Ismâ'îl As Suddî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) précisa :

« [A l'époque de Sulaymân], les shayâtîn accédaient à des endroits du ciel où ils pouvaient entendre les propos des Anges sur ce qui surviendraient plus tard sur terre […]. Ils transmettaient ensuite ces propos aux devins qui les révélaient ensuite aux gens. Une fois que les devins eurent constaté que ces choses se réalisaient et qu'ainsi leur confiance à l'égard des shayâtîn était bien confortée, ceux-ci commencèrent à leur mentir en introduisant des propos qu'ils n'avaient pas du tout entendus, au point d'ajouter à chaque mot véridique 70 mots supplémentaires. Or, les hommes consignaient ces propos dans des écrits et le bruit se répandit parmi les Banî Isrâ°îl que les jinns connaissaient le monde invisible (al ghayb).

Sulaymân envoya alors des émissaires dans le peuple afin qu'ils réunissent tous ces récits. Lorsque cela fut terminé, il plaça ces textes dans un coffre qu'il fit enterrer sous son trône, et aucun démon ne pouvait alors s'en approcher sans être aussitôt consumé. Sulaymân avertit alors que quiconque prétendrait que les jinns connaissent le monde invisible (al ghayb) serait mis à mort.

Après sa mort et une fois que tous les savants qui connaissaient cette affaire moururent, satan se présenta sous l'aspect d'un être humain à un groupe des Banî Isrâ°îl et leur dit : « Je vais vous indiquer un trésor que vous n'épuiserez jamais ! »

Ils lui répondirent : « D'accord ! »

Il dit : « Creusez donc sous le trône [de Sulaymân]. »

Il s'y dirigea alors avec eux, et, tout en restant à l'écart (afin de ne pas être consumé), leur indiqua l'endroit où ils devaient creuser. [Comme ils s'étonnaient de son attitude], ils lui demandèrent pourquoi il ne s'approchait pas. [Il esquiva leur question en disant] « Je suis ici entre vos mains, si vous ne trouvez rien, alors tuez moi ! »

Ils creusèrent et trouvèrent les textes en question. Satan leur dit alors : « C'est par cette sorcellerie [consignée dans ces textes] que Sulaymân exerçait son influence sur les hommes, les diables et les oiseaux. »

Et c'est ainsi que se répandit parmi les Banî Isrâ°îl l'opinion selon laquelle Sulaymân aurait été un sorcier, et les Banî Isrâ°îl conservèrent ces écrits jusqu'à l'arrivée de Muhammad (que Le Salut et La Paix d'Allâh soient sur lui) et s'en servirent pour controverser avec lui […] » [Tafsîr At Tabarî].

Telles sont donc les principales connaissances à acquérir à propos de ce verset, que nous traduirons donc comme suit :

« Et ils suivirent ce que les diables racontent à l'encontre du règne de Sulaymân. Alors que Sulaymân n'a jamais été mécréant (mâ kafara Sulaymân), ce sont plutôt les diables Hârut et Mârut qui l'étaient : ils enseignaient la sorcellerie aux gens, et cette dernière n'a jamais été descendue sur les deux Anges [Jibrîl et Mikâ°îl] (wa mâ unzila 'alal malakayn) à Babylone. Cependant, ceux-ci n'enseignaient rien à personne sans qu'ils n'aient dit d'abord : « Nous ne sommes rien d'autre qu'une tentation : ne soit pas mécréant » ; ils (les gens) apprenaient auprès d'eux ce qui sème la désunion entre l'homme et son épouse. Or ils ne sont capables de nuire à personne si ce n'est avec la permission d'Allâh. Et les gens apprennent ce qui leur nuit et ne leur est pas profitable. Et ils savent très certainement que celui qui acquiert [ce pouvoir] n'aura aucune part dans l'au-delà. Quelle détestable marchandise pour laquelle ils ont vendu leurs âmes ! Si seulement ils savaient ! »

Et nous conclurons par cette invocation tirée du Coran :

رَبَّنَا لاَ تُزِغْ قُلُوبَنَا بَعْدَ إِذْ هَدَيْتَنَا وَهَبْ لَنَا مِن لَّدُنكَ رَحْمَةً إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ

« Rabbanâ lâ tuzigh qulubanâ ba'da idh hadaytanâ wa hab lanâ min~ladunka rahmatan, innaka antal wahhâb – Ô notre Seigneur ! Ne détourne pas nos cœurs après nous avoir guidé, et répand Ta miséricorde sur nous, car Tu es certes Le Dispensateur de toute grâce (Al Wahhâb) ! »

[Sourate 3 – Verset 8]

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