Avocat pédophileOn aperçoit à peine le visage de la petite Amira âgée de 16 ans, qui est effrayée par les juges et jurés qui sont assis devant elle. Sa mère est accrochée à elle, la tenant par la main, l’accusé, lui, est devant la barre. Le président de la séance use de toute sa pédagogie pour mettre la victime en confiance et l’aider à relater les faits de cette nuit du 7 mars 2009. L’adolescente n’a pas dit un mot puis d’une voix troublante, lance «c’est lui», et le désigne du doigt. C’est la mère qui prendra la parole à la place de sa fille. Elle déclare qu’elle est sortie de la maison située à Tigdit vers 17h, deux heures plus tard, elle ne rentre toujours pas. Son absence angoisse la maman. Dehors, il n’y a pas de trace de Amira. Personne ne l’a vue, il commence à se faire tard et la mère s’inquiète, il ne reste plus qu’une chose à faire : prévenir la police. «Si elle ne vient pas dit-elle, c’est qu’il lui est arrivé un malheur». Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit et la guette au pas de la porte.

Tôt le matin vers 6h, elle l’aperçoit enfin dans un état lamentable. Elle marchait difficilement, ses cheveux avaient des traces de cendres de cigarettes et ses vêtements sentaient l’alcool. Elle raconte comment elle est tombée dans ce traquenard. Le violeur lui a offert des confiseries et des stylos avant de l’attirer dans son cabinet pour ensuite la séquestrer. Elle a tout raconté. Comment il l’a déshabillée, comment elle a essayé de lui échapper avant d’être ligotée, comment il l’a sodomisée à plusieurs reprises et abusé de son frêle corps. C’était aussi un alcoolique. Profitant de son sommeil, la victime réussit à s’enfuir au petit matin. Elle a bien décrit aux enquêteurs l’intérieur du cabinet : un cadre accroché au mur, un lit, un frigo et des bouteilles d’alcool. Il a été arrêté trois jours plus tard, après avoir accompli son forfait. Le rapport d’instruction fait état de ces détails, il est signé par l’accusé. Au cours du procès, le mis en cause a clamé son innocence, il dit que c’est un coup monté par ses ennemis, accusait même les services de sécurité de lui avoir tendu un piège. Bien que le président de la séance a lu attentivement toutes ses déclarations durant l’instruction, prouvant sa culpabilité, il l’écoute, les traits tirés, le visage blême mais il nie catégoriquement être l’auteur de cet acte ignoble.

Il déclare que dans la nuit du 7 au 8 mars, il se trouvait dans sa ferme agricole à l’estuaire du Chéliff où il a passé la nuit, d’ailleurs, dit-il, «mes amis sont témoins, appelés à la barre, ces derniers ont tous rejeté ces dires. Le médecin légiste de l’hôpital a confirmé les traces sur le corps de la petite fille, tandis que le psychiatre qui a examiné l’accusé le décrit comme un homme normal et simulateur. On apprendra peu de lui dans cette audience, à moins que c’est un homme divorcé. Son voisinage, venu nombreux dans la salle d’audience, se dit rassuré que ce monstre, un homme divorcé, père de 4 enfants, soit mis hors d’état de nuire, ils ne se sentent pas soulagés pour autant avant le prononcement du verdict.

Le ministère public a requis la peine de 15 ans de réclusion avant de donner la parole à la plaidoirie qui s’est basée surtout sur le manque d’expertise médicale des tests ADN pour mieux élucider cette affaire. Ce serait, disent-ils, une preuve scientifique pour condamner ou innocenter l’accusé. Enfin, après les délibérations, bénéficiant des circonstances atténuantes, B. L. a été condamné à 5 ans de prison ferme et devra verser une amende de 15 millions de centimes à la victime en guise de dommages et intérêts.