Aussi réelles que soient les appréhensions manifestées çà et là à la veille des congrès régionaux tenus ce week-end à Sétif, Constantine et Alger, tout porte à croire que le FLN reconduira sans dommage sa perception de la chose politique tant en terme de discipline partisane qu’en matière de gouvernance.

Le réformisme a vécu, semble-t-il, au sein du FLN qui ne semble pas près de s’émanciper quant à ses vieux réflexes, la teneur des discours contrastant le plus souvent avec son légendaire formalisme.

Citons, par exemple, le plébiscite que s’est offert Abdelaziz Belkhadem à Constantine, mercredi dernier, où il a été accueilli dans un décor rocambolesque. Plus de 600 délégués issus de dix wilayas de l’est du pays ont pris part à ce rendez-vous. Une ambiance exaspérante, dans le hall du palais de la Culture Malek-Haddad qui a abrité l'événement, a précédé l’arrivée du secrétaire général de l’instance exécutif du FLN. Un désordre de la même ampleur que celle des moyens logistiques faramineux mis à contribution pour la réussite de ce conclave. Chez un parti pourtant rompu à ce type de rencontre, congressistes, invités et journalistes ont éprouvé toutes les peines du monde à rejoindre la grande salle, maintenue fermée jusqu’aux ultimes moments. Les organisateurs, qui ont prévu des «meutes» de volontaires pour parer à toute éventualité, sont parvenus par leur unique présence à dissuader les voix discordantes susceptibles de chahuter la rencontre, notamment les candidats malheureux à la désignation des délégués au 9e congrès, lesquels avaient juré de faire entendre leur voix. Versets coraniques et hymne national intégral donneront à la cérémonie de l’exhortation à Abdelaziz Belkhadem pour se porter candidat à sa propre succession et présider lui-même les travaux du 9e congrès.

Lue par un parlementaire de Constantine, la lettre d’éloges appelant le chef de file du FLN à briguer une seconde mandature au prochain congrès au nom des délégués et militants de la mouhafadha de Constantine porte curieusement la signature des délégués de l’Est. Surprise ! L’ovation n’a pas été à la hauteur d’une sollicitation exprimée en principe par une base acquise majoritairement à ce vœu. Est-ce à dire que tous ne partagent pas ce serment ? Il y a lieu peut-être de le croire, mais faudrait-il d’abord que les récalcitrants puissent s’acquitter de leur droit et leur devoir de le dire.

Belkhadem acquiesce et se dit d’emblée, au-delà de cette couronne royale qui le flatte, «suffisamment honoré de militer au sein du FLN». Un discours des plus lénifiants mais qui ne manquait pas d’allusions, à commencer par la dernière déconvenue électorale du FLN aux sénatoriales de décembre dernier, comme pour dire qu’«il nous incombe d’accorder la plus grande importance à ce congrès, conséquemment au poids politique du FLN et au-delà du nombre de sièges qu’il occupe». Des formules empiriques telles «le FLN est porteur de l’histoire et de l’espoir des Algériens», «le message porté par le FLN a débuté par la décolonisation et se poursuit par l’édification du pays» ou, encore, «notre parti ne se résume pas à un agrément que l’on attribue à 15 personnes», et tant d’autres, ont jalonné l’intervention d’Abdelaziz Belkhadem, qui a abordé les questions du jour, à savoir le 9e congrès du parti, les couacs qui minent le FLN de l’intérieur et l’actualité brûlante que vit le pays. Mais à propos de cette dernière, le représentant personnel du président Bouteflika ne s’est guère étalé.

Sur un ton apaisant, il reconnaîtra que le FLN a connu, de 1956 à ce jour, des crises mais en est sorti grandi à chaque fois. Ses réponses suggestives se veulent également sans équivoque à l’endroit des critiques et dissidents de sa formation. «Le FLN n’est pas une association caritative mais un parti digne de ce nom, régi par des statuts qui réglementent la vie partisane, auxquels nous nous référons et qui figurent parmi les textes qui seront soumis au 9e congrès».