Le patron de l'usine de mise en bouteille de l'eau de Mougheul, L. Mohammed, a été placé, mercredi dernier, sous mandat de dépôt, ainsi que son frère, le directeur local de la BEA et deux experts. Ils sont notamment accusés de trafic d'influence, corruption et faux et usage de faux. Pas moins de 26 individus, dont plusieurs directeurs, ont été entendus au cours de la même journée par les magistrats instructeurs.

Les auditions ont débuté à 8 heures du matin pour s’achever à minuit. L'enquête diligentée par la police judiciaire en novembre dernier avait révélé, dans un premier temps, que l'usine, inaugurée en juin 2009, ne disposait ni de certificat de conformité, ni de laboratoire d'analyses, encore moins de sanitaires pour les travailleurs. Et l'eau était pompée à partir d'un forage appartenant à la Direction de l'hydraulique, ce qui illustre les complicités qui existaient entre certains responsables et l'investisseur concerné. D'ailleurs, sur proposition de la police, l'usine a été fermée 6 mois après son inauguration. En vérifiant le dossier de crédit, l'ex-chef de Sûreté de wilaya, M. Farid Bencheikh, avait découvert le pot aux roses. Le forage de l'hydraulique avait été évalué et inclus dans le dossier de crédit. Le matériel hypothéqué était soit surestimé, soit n'existait pas du tout, indique-t-on. Selon une source proche du dossier, les experts aujourd'hui incarcérés avaient établi plusieurs faux documents qui avaient permis au patron d'obtenir 32 milliards de centimes de prêt auprès de la BEA. Il convient de souligner que L. Mohammed avait déjà bénéficié, dans le passé, d'un prêt de plusieurs dizaines de milliards (on parle de 60 milliards de centimes) auprès de la BNA pour la réalisation d'une minoterie à Béchar. Une usine actuellement en activité.