"Nous sommes dans la phase finale, mais c'est la phase la plus difficile, parce qu' (elle se déroule) dans le réduit des djihadistes et de toutes les bandes qui trafiquent dans ce secteur ", a souligné M. Le Drian, interviewé mercredi matin sur la chaîne publique France 2, au lendemain de la mort du deuxième soldat français dans ce conflit.

Après avoir stoppé une offensive des groupes islamistes armés à Konna (centre), puis pris le contrôle des trois principales villes du nord du pays, à savoir Gao, Tombouctou et Kidal, l'armée française s'efforce à l'heure actuelle de soustraire aux mains des islamistes et trafiquants le massif des Ifoghas.

"Les forces françaises s'efforcent de contrôler (..) plus particulièrement le nord de l'Adrar des Ifoghas, qui est une zone très difficile d'accès", a expliqué mercredi matin un directeur d' étude de l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire à Paris (IRSEM), le colonel Michel Goya.

"Les Français", a-t-il ajouté au micro de Radio France International (RFI), "se sont emparés de la Vallée du Tilemsi, qui va de Kidal jusqu'à Tessalit, presque jusqu'à la frontière algérienne".

"C'est là que se sont déroulés les combats de ce mardi", qui ont entrainé la mort du sergent-chef franco-belge, Harold Vormezeele, et la neutralisation par l'armée française d'une vingtaine de djihadistes, selon le porte-parole de son état-major à Paris.

Les troupes françaises ont lancé dans cette zone montagneuses l'opération "Panthère IV" visant, selon le colonel Goya, à " rechercher et détruire les éléments rebelles qu'on pourrait y découvrir".

"Il s'agit encore une fois, de bloquer cette région nord de l'Adrar des Ifoghas, et d'empêcher toute sortie, toute fuite - éventuellement de nos otages- très près de la frontière algérienne ", a souligné l'expert militaire français.

"(Au sol,) les Français sont systématiquement accompagnés de forces maliennes", a-t-il, en outre, précisé, citant aussi la présence de forces tchadiennes dans la région de Kidal (nord-est).

"On fait appel également aux Touaregs, certaines milices touarègues, qui sont d'une grande utilité de par leur connaissance du milieu", a poursuivi le colonel, qui a insisté sur l'importance de cette aide locale pour éradiquer toute présence terroriste dans cette région.

Aux yeux de l'expert, le risque principal de cette nouvelle phase de l'opération Serval, "c'est que l'on s'engage dans un combat extrêmement long, dans une recherche extrêmement longue, difficile, d'adversaires un peu insaisissables, qui auraient la capacité de franchir assez facilement les frontières".

Le colonel Goya estime à "plusieurs centaines" le nombre de djihadistes se trouvant dans cette région montagneuse, désormais ciblée et fouillée par les forces françaises afin, comme l'a rappelé le ministre français de la Défense, "d'éradiquer ces groupes islamistes (..) extérieurs à la population malienne"