Cet aspect de la vie cultuelle du pays fait partie du grand chantier de réglementation et de remise à niveau d’un secteur aussi sensible que celui de la gestion de la chose religieuse. Surtout que le danger de sectes aux extrémistes les unes que les autres pèse crescendo sur la société en l’absence jusque-là d’un cadre juridique que les pouvoirs publics tentent depuis peu de mettre en place.

Ce projet de hiérarchisation des mosquées prévoit, selon Mohamed Aïssa, inspecteur général au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, qui était hier, l’invité de la rédaction matinale de la Chaîne III de la Radio nationale, une architecture nationale. Au sommet de la pyramide, la grande mosquée du pays qui aura des appendices au niveau des wilayas (mosquée pilote), des mosquées d’organisation l’échelle des daïras et des communes. Et le projet n’omet pas les salles de prière, ces moussalates qui pullulent parmi les cités universitaires, les administrations, les entreprises, les casernes et les quartiers populaires dont la majorité échappe au contrôle de la tutelle des affaires religieuses et sont les tribunes idéales pour les porteurs de nouveaux concepts religieux très dangereux. Ces lieux, précisera Aïssa, seront transformés en mosquées de quartiers dans lesquelles, cependant, la prière du vendredi ne sera pas officiée.

Autre axe d’intervention du département de Ghlamallah allant dans le sens de soustraire au mieux les affaires cultuelles des tentations extrémistes importées, selon Aïssa, par des sectes : la réorganisation du tissu associatif religieux jusque-là régi par la défunte loi 31-90 relative aux associations. Désormais, l’article 47 de la toute nouvelle loi promulguée en décembre 2012, donne autorité au ministère des Affaires religieuses en matière d’accord préalable de ses services pour l’agrément de toute entité associative se réclamant du domaine religieux. Ce qui permet, poursuivra-t-il, de faire retrouver aux associations religieuses leur statut de comité de mosquée, dont le rôle est la construction, la maintenance et la gestion de la mosquée.

Aussi, ces nouvelles dispositions ont-elles permis la création d’associations pour les écoles coraniques pour faire face au pullulement d’écoles coraniques qui ne respectent pas le référent religieux du pays et des associations qui s'occuperont excessivement des rites religieux, hadj, zakat, sadaka et wakf. Autant d’outils juridiques que sous-entend un combat contre ce que l’inspecteur général au département de Ghlamallah considère comme étant des pratiques étrangères à notre référent national, allusion faite à ces nouvelles manifestations religieuses de la part, notamment de la frange juvénile et essentiellement estudiantine. Pour lui, la manifestation de ces sectes ne peut être analysée que comme une «invasion étrangère», prenant en exemple l’Ahmadisme qui existait déjà et dont cheikh Ahmed Hémani avait banni via une fetwa, la pratique qui renie le prophète Mohamed (QSSSL) comme dernier des Prophètes et qu’un indien, du nom d’Ahmed Mirza, le serait. Aïssa ne fait pas montre d’inquiétude quant à la dangerosité de l’action de ces sectes pour peu, dira-t-il, «qu’elles ne s’organisent pas et ne nourrissent pas d’ambitions idéologiques et politiques à même de chambouler et de détruire le référent religieux national». Ce qui n’est pas le cas certes présentement mais l’on doit être sur nos gardes car, poursuivra-t-il, «le danger de ces sectes est qu’elles extrapolent les marginaux de la société, les gens qui recherchent un rôle qui ne le trouvent pas dans le contexte actuel et qu’ils trouvent dans des missions étrangères. Elles évoluent dans les lieux non musulmans, mossalates des cité U, des administrations, quartiers et autres sous-sols, garages, lieux échappant au contrôle de la tutelle des affaires religieuses ».