Cette déclaration a été donnée aux journalistes à l'issue d' une rencontre tenue à Tunis entre une délégation d'Ennahdha conduite par son leader Ghanouchi et des membres de la direction centrale de l'UGTT.

Tunis
Cependant, un communiqué d'Ennahdha publié le jour même confirme l'acceptation de l'initiative de la centrale syndicale ( UGTT) mais en insistant que "le gouvernement de la Troïka ne démissionnera pas et poursuivra sa mission jusqu'à ce que le dialogue mène à une résolution consensuelle garantissant le parachèvement du processus transitionnel et l'organisation d' élections libres et transparentes", lit-on dans le communiqué.

L'initiative de l'UGTT consiste entre autres en la dissolution de l'actuel cabinet dirigé par Ennahdha en la personne du membre de son bureau politique Ali Laarayedh et le maintien de l'Assemblée constituante qui devra suivre un agenda bien déterminé pour le reste de la période de transition.

Le numéro un du mouvement islamiste Ennahdha a par ailleurs fait savoir qu'il a présenté au patron de la centrale syndicale de nouvelles propositions qui devraient, selon Ghanouchi, "avoir des échos positifs auprès des différents partis". Et d'ajouter que "le dialogue national reprendra dans les brefs délais pour faire sortir le pays de la crise".

Sans donner des détails sur les nouvelles propositions d'Ennahdha, Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT, a tenu à préciser que "si ces propositions seront acceptées autour d'un consensus, le dialogue national pourrait avoir une autre chance de réussite".

Ennahdha tout comme l'opposition "doivent finir les concertations puisque les situations socioéconomique et sécuritaire du pays ne supportent plus cette crise".

Quelques peu après les déclarations du chef d'Ennahdha, les réactions se succèdent de tout part essentiellement de certains alliés aux islamistes (Troïka) et de partis opposants ainsi que des partenaires sociaux.

"Le fait d'accepter cette initiative signifie la reprise des travaux de la Constituante au plus vite, ce qui permettra de remettre le pays sur les rails et achever la rédaction de la constitution", a déclaré le secrétaire général du Congrès pour la République (partir présidentiel et membre de la Troïka) Imed Daïmi.

"Parallèlement au lancement du dialogue national, le gouvernement poursuivra ses activités (..) nous sommes en faveur de l'élargissement de l'actuel cabinet gouvernemental et la formation d'un gouvernement d'union nationale et non pas d'un gouvernement apolitique", a commenté M. Daïmi. Membre du bureau politique d'Ennahdha et de son conseil de la"Choura" ( parlement interne), l'actuel ministre de la Santé, Abdelatif Mekki a estimé qu'une fois le gouvernement démissionnaire, il sera impératif d'un nouveau chef de gouvernement, "ce qui est impossible dans l'immédiat et ne sera faisable qu'après l'aboutissement via le dialogue national à des résolutions".

M. Mekki a évoqué un éventuel "embarras" politique en cas de dépôt par l'actuel Premier ministre Ali Laarayedh de la démission de son cabinet. "D'après la Constitution, le parti majoritaire ( Ennahdha) sera chargé de former un gouvernement et cela engendrera un nouveau différend", a averti le ministre tunisien lors de son passage à la radio privée Mosaïque Fm.

Ainsi, le président de la République Moncef Marzouki n'a pas la possibilité pour le moment de désigner un nouveau chef de gouvernement qui fait l'objet d'un accord entre les différents partis : "le gouvernement démissionnera donc une fois un accord sur le nouveau cabinet sera trouvé via le dialogue national", toujours selon M. Mekki.

Du côté de l'opposition, le Parti républicain estime que l' acceptation par les islamistes d'Ennahdha de l'initiative de l' UGTT demeure "un pas positif" pour relancer le dialogue national et trouver une solution à la crise, comme l'a qualifié le président de ce parti (Républicain) Ahmed Néjib Chebbi

Le leader d'Ennahdha "n'a pas explicité clairement son acceptation de l'initiative de l'UGTT mais plutôt il a confirmé que son parti approuve l'initiative en tant que point de départ pour le dialogue", a interprété l'un des leaders du Front populaire (coalition d'extrême gauche) Mohamed Jmour.

D'après M. Jmour, Ennahdha n'a jamais essayé de franchir les "lignes rouges" qu'elle a tracé principalement la démission du chef du gouvernement Ali Laarayedh. Le "Front de salut national" poursuivra, a rassuré M. Jmour, le militantisme à travers le sit- in du "départ" (face à la Constituante depuis environ un mois) et le démarrage de la campagne "Dégage" le 24 août courant dans toutes les provinces du pays.

Les premières indiscrétions sur les nouvelles propositions du parti Ennahdha à l'issue de la rencontre son leader Rached Ghanouchi et le patron de la centrale syndicale (UGTT) indiquent que le parti islamiste a accepté la dissolution de l'actuel gouvernement. Mais, "le chef du gouvernement annoncera exclusivement la démission de son cabinet directement après l' entame effective du dialogue national", d'après le secrétaire général adjoint de l'UGTT Mouldi Jendoubi.

Selon ce dernier, le gouvernement d'Ali Laarayedh poursuivra ses missions après sa démission en tant que gouvernement de "gestion des affaires courante" du pays jusqu'à la constitution d'un nouveau cabinet de compétences indépendantes.

Dans l'attente d'une réunion vendredi entre l'UGTT et Ennahdha qualifiée de "décisive" durant laquelle les dernières retouches du dialogue national seront mises en oeuvre, le patron de la centrale syndicale Houcine Abassi devrait poursuivre les concertations avec les autres partenaires politiques pour ainsi lancer la balle dans le camp de l'opposition.