Ce vote a mis fin à une vacance du poste de plus de sept mois, sans pour autant faire taire les voix de contestation au sein du parti autour de la légitimité du vote. Cette crise interne, qui secoue le parti depuis bien des années, a suscité d'autant plus d'attentions qu'à l'approche de l'échéance présidentielle en 2014.

Une légitimité contestée
Amar Saadani a été élu nouveau SG du FLN le 29 août dernier. Un vote dont la légitimité reste encore contestée parmi les membres du Comité central (CC, instance suprême du parti) du parti, malgré une validité apportée par le ministère de l'Intérieur et le Conseil de l'Etat à l'élection de M. Saadani.

Actuellement, le FLN est divisé en deux parties, dont un mouvement mené par Abdelkrim Abada, qui appelle au redressement, et une frange dirigée par Ahmed Boumahdi, qui soutient l'élection d'Amar Saadani. Les deux personnalités sont tous membres du CC.

Parallèlement, certains cadres du parti, conduits par l'ex-coordonnateur du bureau politique, Abderrahmane Belayat, ont boycotté le vote, affirmant que le secrétaire général doit jouir de l'appui de tous les membres du parti, et qu'une réconciliation entre les deux camps doit précéder le vote pour apporter une légitimité au SG.

Les tractations pour le vote de succession de la direction du parti se poursuivaient après le retrait il y a plus de sept mois de l'ancien chef du parti Abdelaziz Belkhadem, destitué suite à un vote de confiance, pour avoir marginalisé les "vrais" membres du parti en leur préférant des personnes externes au FLN dans le cadre des élections législatives de 2012.

Une réconciliation difficile
Une fois plébiscité, le nouveau leader a appelé à l'unité et à la réconciliation entre les frères ennemis.

Interrogé sur la situation actuelle du FLN, le nouveau secrétaire général a affirmé qu'après une période de tumulte, "les choses sont rentrées dans l'ordre" et que son parti s'étale désormais à poursuivre un plan de travail "notamment en préparation à la prochaine élection présidentielle" prévue au mois d'avril 2014.

En ce qui concerne l'opposition des membres du parti à son intronisation à la tête de la doyenne des formations politiques en Algérie, M. Saadani a indiqué que "l'heure n'est pas à l'exclusion mais à l'unité de toute la famille du FLN (...) Nous allons partir à la rencontre de tous les élus du parti pour les écouter et connaître leurs problèmes, et ce sans exception aucune".

Une mission qui s'avère, aux yeux de certains observateurs, difficile à réussir, compte tenu de la controverse profonde dans l'histoire du parti.

Resté la première puissance politique du pays après l'avènement du multipartisme à la fin des années 1980, le FLN est traversé par des crises internes comme celle entre 2003 et 2004 lorsque le parti s'est retrouvé fractionné entre partisans du président Abdelaziz Bouteflika qui briguait un deuxième mandat et ceux du secrétaire général de l'époque et ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, qui se présentait pour la première fois sous la bannière du FLN.

Candidature présidentielle incertaine
Concernant son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, le nouveau chef du FLN s'est montré évasif en se contentant de dire que c'est aux membres du parti de trancher la question.

Sur le même sujet, l'analyste politique Ahmed Hamdani a jugé peu probable une cadidature de M. Saadani au prochain scrutin présidentiel.

"Le nouveau SG du FLN ne sera pas candidat à la présidentielle. D'abord parce qu'il ne jouit pas de l'influence et du charisme nécessaires, et d'autre part parce que l'homme a une mission purement technique, à savoir assurer l'adoption du projet de la constitution, étant donné que le FLN est le parti majoritaire au Parlement", a déclaré M. Hamdani dans une interview.

"Je pense que M. Saadani parviendra à faire le rapprochement entre les antagonistes au sein du parti, avant l'échéance présidentielle d'avril. Car nous ne devons pas oublier que le FLN est le parti au pouvoir, et tous ses membres doivent faire allégeance au régime. Alors quand il y va de la stabilité du pays, ils obéiraient aux instructions des décideurs et arrêteront à ce moment-là leurs conflits internes pour l'intérêt de la nation", a-t-il fait remarquer.

La prochaine élection présidentielle algérienne devrait se dérouler en avril 2014. Le président sortant Abdelaziz Bouteflika, élu successivement en 1999, en 2004 et en 2009, a été victime d'un accident vasculaire cérébral le 27 avril dernier, suite auquel il a été évacué à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce pour y recevoir des traitements. Il est rentré dans son pays à la mi-juillet.